Robert Boily (psychopédagogie, M.A. 1996 et Ph. D. 2002) a piloté plus de 1000 projets de recherche et travaillé avec des organisations telles que la NASA, l’Agence spatiale canadienne, le CNRC, Hydro-Québec ainsi que des universités, des hôpitaux et des grandes entreprises à travers le monde. Saluées par quelque 35 distinctions nationales et internationales, ses réalisations ont contribué au progrès de nombreux champs scientifiques, dont l’imagerie médicale, l’aérospatiale, les nanotechnologies et la robotique.
Qui croirait que ce chercheur multidisciplinaire de renom, fondateur de la compagnie de recherche Inforex en 1996, a été décrocheur en 4e secondaire? Très brièvement et non par manque d’intérêt pour l’école, il va sans dire… Après une parenthèse en usine, il est retourné aux études en physique et génie électronique à l’Institut Teccart et à Polytechnique Montréal, puis en optique, optoélectronique et semiconducteurs à Rochester (É.-U.) et à Toronto, avec l’ambition d’aller le plus loin possible. Une carrière fructueuse en recherche s’amorce alors pour lui.
Mais le statu quo ne correspondant pas du tout à sa personnalité et pour satisfaire son goût de la découverte, il décide dans la quarantaine d’explorer les sciences sociales, tout d’abord par un baccalauréat en éducation à l’UQAM. Il enchaîne avec une maîtrise et un doctorat en psychopédagogie à l’Université de Montréal (UdeM).
« Certains suivent des cours de musique, de peinture ou de bricolage, moi, c’était cela mon défi personnel, évoque-t-il. Les sciences naturelles et sociales sont 2 mondes complètement différents. Lorsqu’on étudie l’être humain, chaque situation est unique et influencée par une multitude de variables que l'on ne peut contrôler: Comment la personne se sent-elle aujourd’hui? A-t-elle vécu quelque chose dont je ne suis pas au courant? Etc. »
Il considère que ce passage à l’UdeM l’a beaucoup aidé dans son cheminement scientifique, surtout pour la méthodologie du travail et la façon de voir les problèmes. « Et j’ai eu la chance d’avoir comme directeur de recherche François Bowen, qui a su me pousser au bout de mes capacités. On a toujours gardé contact, même après toutes ces années! »
Son sujet de maîtrise – devenu son projet de thèse par son ampleur – avait trait au sentiment d’appartenance des jeunes envers l’école. « Ce choix était une manière de contribuer aux connaissances scientifiques, explique-t-il, mais aussi de comprendre pourquoi moi qui aimais beaucoup les études, j’avais pu décrocher. »
En parallèle de ses études, il travaille dans un centre de recherche et s’y plaît beaucoup. Quand il apprend que son département ferme, il voit l’occasion de lancer sa firme de recherche et de consultation scientifiques. Il se donne 2 ans pour réussir, et l’aventure se révèle très concluante.
Parmi ses maints projets phares, il a contribué à définir les priorités nationales de recherche en énergie propre pour le Gouvernement du Canada en 2015 et a travaillé pour l’Agence spatiale canadienne en 2003, 2004 et 2012 pour des projets scientifiques en microgravité.
« Ce qui me rend fier, c’est quand je réalise d’où je suis parti, relate-t-il. Je voulais évoluer en science et j’étais simplement content d’effectuer tous les jours quelque chose que j’aime. Tout à coup, les distinctions se sont mises à arriver une après l’autre. Mes investitures dans la Société royale du Canada, l’Ordre national du Québec et l’Ordre des Palmes académiques font certainement partie de mes plus grandes fiertés, de même que la médaille d’or de la section montréalaise de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers. »
Soulignons en outre qu’il a été en 2008 le 2e Canadien – après l’environnementaliste David Suzuki – à recevoir la Médaille McGovern de la Société scientifique Sigma Xi, regroupant 65 000 membres à travers le monde, dont 200 prix Nobel. Plus récemment, il a été élu prochain président de l’Académie des sciences du Canada, la plus prestigieuse institution scientifique au pays, pour un mandat de 4 ans.
Ce succès, il l’attribue beaucoup à sa nature touche‐à‐tout : « Contrairement aux chercheuses et chercheurs qui deviennent ultraspécialisés dans un domaine très pointu, j’ai toujours préféré être multidimensionnel, cela a toujours été l’ADN de ma carrière. Cette particularité m'a permis d'avoir une bonne vision d’ensemble de l’écosystème scientifique mondial. »
Aujourd’hui, bien qu’il soit à un stade où il n’a plus à faire ses preuves, son engagement et son envie de contribuer au savoir scientifique, d’apprendre de nouvelles choses et de transmettre ses connaissances demeurent intacts et plus forts que jamais. L’idée de la retraite ne l’effleure même pas, car il est constamment stimulé par ses nombreux projets : « Je n’aurais pu demander un plus bel emploi. Je suis un hyperactif cérébral, j’ai tout le temps des dizaines de recherches consécutives; ça aide à maintenir les neurones bien huilés! »
Il voit maintenant son rôle davantage comme un mentor et conseille d’ailleurs aux jeunes scientifiques de continuellement garder leur esprit ouvert, de construire leur réseau de contacts le plus tôt possible, de croire en leurs capacités et de persévérer face aux obstacles. « La route ne sera pas toujours facile, et pas toujours une ligne droite, mais si l’on sait pourquoi on avance, chaque défi devient une occasion d’apprendre et de grandir », conclut-il.