Marie Deschamps : un parcours inspirant et d’exception en droit

Marie Deschamps

Se dirigeant tout d’abord en philosophie ou en histoire, Marie Deschamps (droit 1974) a finalement opté pour le droit, sous les conseils de son frère aîné, décision qu’elle n’a jamais regrettée. D’avocate à juge à la Cour suprême, elle a toujours cheminé avec passion et rigueur, et continue de se distinguer au sein de groupes d’expertes et d’experts clés, veillant constamment à faire entendre toutes les voix.

De ses études à l’Université de Montréal (UdeM), elle conserve le souvenir d’un réseau tissé serré et de cours prodigués par de grands maîtres, tels Jean-Louis Baudouin, Daniel Jacoby et Jacques-Yvan Morin. Elle obtient sa licence en droit en 1974, est admise au Barreau du Québec l’année suivante et de là s’amorce son éblouissante carrière…

Ses premiers pas se font au sein de Martineau Walker (maintenant Fasken Martineau). « J’étais attirée vers la pratique à l’aide juridique ou dans un petit cabinet, mais il y avait à ce moment peu d’emplois de ce côté, souligne-t-elle. J’ai donc commencé dans ce bureau et eu la très grande chance de travailler avec John Gomery, qui m’a donné beaucoup d’autonomie pour mon expérience d’alors. »

Vers le sommet, au gré des occasions

Elle se rapproche de son but premier un an plus tard et joint un bureau de 2 avocats à Saint-Hyacinthe, Sylvestre et Matte. Puis s’ouvre un poste à l’aide juridique. L’apprenant lors de la dernière journée de dépôt de candidature, elle s’empresse de postuler et l’obtient. Après 2 ans et demi, une soif d’élargir ses horizons se pointe. Elle commence une maîtrise à l’Université McGill à temps partiel. Presque au même moment, on lui offre un emploi chez Byers Casgrain (maintenant Dentons); elle fait le saut et y restera pendant une décennie qu’elle qualifie de « 10 années de défis intellectuels stimulants ».

Ce goût pour les défis la mène à la magistrature, où elle évolue tour à tour à la Cour supérieure du Québec, à la Cour d’appel du Québec, puis à la Cour suprême du Canada, tout en conciliant cela avec sa vie familiale.

Une expertise très recherchée

Marie Deschamps prend sa retraite comme juge en 2012, mais sans signer la fin de sa vie professionnelle, au contraire : « Le 1er téléphone que j’ai eu, c’est de votre recteur actuel, Daniel Jutras, alors doyen de la Faculté de droit de l’Université McGill, me demandant de me joindre à son équipe. J’y ai entre autres donné des conférences, participé à des cours et à des activités parascolaires. »

Année après année, son expertise a toujours été vivement réclamée. Elle a notamment mené les examens externes sur l’inconduite et le harcèlement sexuels dans les Forces armées canadiennes, sur la réponse des Nations Unies aux allégations d’exploitation et d’abus sexuels en République centrafricaine, sur l’aide médicale à mourir du Conseil des académies canadiennes, en plus d’agir comme assesseure en ce qui a trait au règlement du recours collectif contre la purge des LGBT.

« Après mon 1er mandat de grande envergure avec les Forces armées, mon nom était sur la place publique, donc de fil en aiguille, j’en ai eu d’autres. Deux de mes principales caractéristiques, c’est que je suis indépendante et que je n’ai pas peur de dire ce que je pense. Je m’appuie sur des faits et les dis tels qu’ils sont. »

Un attachement particulier envers l’UdeM

La titulaire d’un doctorat honorifique du Collège militaire royal du Canada, de l’Université de Sherbrooke et de l’UdeM, compagnon de l’Ordre du Canada et avocate émérite du Barreau du Québec a été élue présidente de l’Office de surveillance de la sécurité nationale et du renseignement en 2021, et son mandat vient d’être renouvelé pour 3 ans. En dépit de ses nombreuses responsabilités, elle a maintenu des liens étroits avec l’UdeM : participation aux tribunaux-écoles, membre du conseil d’administration et de l’association des diplômées et diplômés, et plus récemment, un don majeur au Fonds alma mater de la Faculté de droit, ainsi qu’une implication active dans le cabinet de la Grande campagne. Son engagement envers l’Université est indéfectible.

Il faut dire que l’UdeM et ses écoles affiliées, c’est une histoire de famille : son père y a enseigné pendant 17 ans, toute la fratrie – 8 au total – y a étudié et quatre de ses frères et sœurs y ont enseigné ou y enseignent encore. « L’UdeM fait partie de notre ADN, énonce Marie Deschamps.

Pour moi, c’est donc naturel de m’engager. Et si moi je ne le fais pas, alors que je suis en fin de carrière, que je peux reconnaître l’apport et l’influence que l’UdeM a eus sur moi, qui le fera? Il faut participer aux efforts de développement de l’Université pour ainsi aider toutes les communautés. »

Marie Deschamps souhaite d’ailleurs à la Faculté de droit de continuer à s’ouvrir à la diversité : « Ce que j’aime de cette faculté, c’est qu’elle est inspirante et près des gens. Je désire qu’elle reste accessible à toutes les collectivités. Plus il y aura de voix différentes, meilleures seront les discussions. Il est important d’éviter les chambres d’écho, car sinon, notre société ne pourra pas évoluer. »